L’école des bonnes mères, Chan Jessamine.

Harper Collins France traduit de l’anglais par Anne-Sylvie Homassel.

« Les mères des squares la terrifiaient. Elle était incapable de les égaler en ardeur, en habileté ; elle n’avait pas lu assez de livres, elle avait arrêté d’allaiter après cinq mois alors que ces femmes donnaient encore joyeusement le sein à des enfants de trois ans.
Elle pensait qu’en devenant mère, elle ferait partie d’une communauté. Les mères qu’elle a croisées étaient aussi mesquines que les membres d’une sororité nouvellement constituée – comité de travail voué de son propre chef à la défense de l’extrémisme maternel.
« 

Exténuée par une série de nuits blanches, Frida a laissé seule sa fille de dix-huit mois pour retourner chercher des documents à son travail. Ses voisins ont appelé les services sociaux qui lui enlèvent sa fille pour la confier à son père et sa nouvelle compagne le temps que Frida aille purger sa peine dans un centre de redressement des mères.
Dans cet univers à la fois carcéral et censément éducatif, l’école des bonnes mères, Frida doit apprendre ses leçons et réussir ses tests si elle veut espérer retrouver un jour son enfant. Pour s’entrainer, elle est associée – comme chacune des femmes présentes – à une androide aux traits enfantins programmée pour réagir à ses comportements.

Quelle angoisse que cette histoire !
Je l’ai lue dans un mélange de tension et de nausée tant tout ce qui est évoqué me semble à la fois relever d’une folie complète et d’un réalisme pas si loin de notre vie actuelle.
Les mères sont scrutées par toute une société, leurs manquements toujours imputés à leur seules capacités (et jamais aux effets structurels cette même société). L’affection et l’attention deviennent des exercices à réussir, à performer socialement.
Merci à Rime Louhaichi pour cette recommandation de lecture, glaçante à souhait.