Les ravissements, Jan Carson.
Traduit de l’anglais par Dominique Goy-Blanquet.
Sabine Wespieser Editeur
« Hannah est habituée par éducation à croire qu’en cas de faute c’est toujours elle la coupable.«
Durant les années 90 dans un petit village imaginaire d’Irlande du Nord, Hannah – 11 ans – mène une vie différente de celles de ses camarades de classe. Ses parents, fondamentalistes protestants, voient d’un mauvais œil cinéma, danse et tout ce qui n’est pas utile ou religieux. A l’approche de l’été, un des enfants de la classe meurt d’une maladie foudroyante et inconnue. Puis un autre, et encore un autre … La panique s’installe dans le village progressivement surveillé par les médias comme par la police, et la maladie est de toutes les conversations, de toutes les observations.
Pour Hannah, c’est différent : non seulement elle ne semble pas atteinte par le mal mais en plus ses camarades décédé(e)s lui apparaissent et discutent avec elle.
Jan Carson me bluffe une fois de plus ! Avec un parti-pris simple et très efficace – une jeune fille isolée faisant le lien entre le monde des vivants et celui des mort(e)s – elle observe tout en finesse les rapports familiaux et sociaux d’un microcosme. Amour, politique, religion, couardise et bravoure : rien ne lui échappe qu’elle ne dissèque avec lenteur et précision.
Il y a bien quelques rebondissements et quelques tensions mais le côté magistral du texte tient dans ce regard mordant sur l’intime et le quotidien.
Ma chronique sur Les lanceurs de feu, son roman précédent.