Premières plumes, Charlie Gilmour.
Editions Métailié. Traduit de l’anglais par Anatole Pons-Reumaux.
« Ses ailes demeurent obstinément repliées derrière son dos pendant encore quelques secondes, puis elles se déploient comme des éventails irréguliers de soie imprimée. Des vagues d’air déplacé se brisent contre mes joues. L’instinct murmure et l’oiseau provoque un tourbillon. Il est le cœur noir et battant de l’orage.«
Un oisillon tombe du nid dans une zone industrielle de Londres. Il est recueilli puis confié à un jeune homme un peu paumé. Celui-ci ne s’est jamais occupé d’un animal et se débat avec un héritage paternel ambivalent (abandonné par un géniteur artiste et égocentrique puis élevé par un père artiste et soutenant) qui le mène au bord de la dépression.
Ce jeune corbeau qui n’en fait qu’à sa tête et exige de lui attentions incessantes et dévotion va l’obliger à considérer sa vie plus activement.
Déjà, j’adore le titre original de ce roman : « Featherhood » tant il propose d’entrée de faire le lien entre la relation de l’homme avec le corbeau comme avec un potentiel enfant à venir. J’ai beaucoup aimé l’écriture à la fois poétique, introspective, touchante et tournicotante.
J’ai vu le narrateur être mené à la baguette par son corbeau, négocier ce qu’il choisissait de nourrir comme rapport à la paternité et osciller entre enthousiasme et abattement.
Ces premières plumes sont celles de l’émancipation : douloureuses et réjouissantes.
