Triste tigre, Neige Sinno.
Editions POL
« Je suis quelqu’un qui survit. Je ne sais pas très bien pourquoi. Je n’en tire aucune fierté. Il m’arrive d’en avoir honte. J’ai perdu mon père bien aimé, j’ai perdu des amis chers, des gens qui mériteraient cent fois plus que moi d’être encore vie, de s’émerveiller devant un coucher de soleil. Je m’invente des excuses. Je me dis que je suis encore là parce qu’il faut que je raconte tout cela, que j’essaie de mentir le moins possible, de ne pas enjoliver ni enlaidir. Je sais que ce sont des inventions. Il n’y a aucune raison valable pour que je sois là et pas eux. Et il n’y a rien dans mon expérience que quelqu’un d’autre ne pourrait pas raconter.«
Victime d’inceste perpétré dans son enfance par son beau-père, l’autrice porte plainte à 17 ans.
Il avoue, il est emprisonné, rien n’est résolu ni réparé.
J’ai longuement hésité à lire ce livre. Principalement parce que je ne voulais pas le lire pour de « mauvaises » raisons. J’avais peur de n’être capable d’y trouver que des faits, un drame, des traumatismes.
L’autrice m’a permis, par sa rigueur et sa capacité à dire toutes les ambivalences que portent l’acte d’écriture et celui de la lecture, de dépasser cette crainte.
Je suis incapable d’en dire plus sur ce texte mais son existence est précieuse.