Voir de ses propres yeux, Hélène Giannecchini.
Editions du Seuil
« Ma traversée anatomique est ponctuée de déceptions, le réel est toujours en-deçà de ce que je cherche. J’attends trop, je fantasme les objets et mes réactions, mais, quand j’entre dans les lieux que j’ai tant voulu voir, je ne ressens rien, comme si j’étais déjà habituée à ce que je n’ai pourtant jamais vu.«
Une femme en plein deuils, aujourd’hui. Pour aller avec les vagues de la douleur et de la perte, sans lutter contre et sans couler, elle se saisit comme d’une bouée de sa passion pour les débuts de l’anatomie entre sciences et arts. Musées, bibliothèques et morgues, sa quête la fait voyager en France, en Suisse, en Italie… et s’interroger sur le rapport que nous entretenons avec nos morts.
Elle regarde les corps désertés, est saisie par des images et poursuit sa recherche hallucinée d’une méthode personnelle pour maintenir un dialogue avec ses morts.
J’ai été saisie par ce texte qui m’a à la fois « cueillie » et soutenue dans une période particulière.
J’en ai profondément aimé l’écriture et l’ambiguïté : j’ai ressenti un mélange de fascination et d’incompréhension face à la démarche de la narratrice. Plus que tout encore, j’ai eu la certitude de lire une voix extrêmement affirmée et personnelle ne souhaitant pas s’affadir pour plaire ou être comprise et cela m’a bouleversée.
Si j’ai pu lire ce livre dont je n’avais jamais entendu parler c’est grâce à une série de circulations que je tiens à souligner : c’est @nathaliesejean dont j’écoutais le podcast « Faire » qui a donné la parole à deux membres du trio derrière @_foretnoire_ pour parler de leur superbe projet « Retourner les pierres ». A la fin de l’épisode une des invitées a mentionné ce titre d’une façon qui a suscité une envie impérieuse de le lire ! Un grand merci !