Le colis, Anosh Irani.
Traduit de l’anglais par Mélanie Basnel.
Edtions Philippe Rey
« Quand Madhu allait encore à l’école, quand elle portait encore un uniforme de garçon, elle avait entendu l’histoire d’un triangle quelque part, loin, et de gens qui se faisaient aspirer dedans puis envoyer dans un autre monde. Le quartier rouge, c’est exactement pareil. La plupart des prostituées avaient été forcées d’atterrir là, quelques-unes étaient venues de leur plein-gré, mais toutes s’étaient perdues dans ce trou noir. Il vous dépouillait progressivement jusqu’à vous réduire à une créature sans nom, sans passé, incapable de trouver la sortie. »
Mon résumé
Dans le quartier rouge de Bombay, une hijra – née dans un corps de garçon puis devenue intersexuée sous la houlette d’une gurumaï, sorte de mère au sein de leur communauté – raconte son parcours entre rejet et crainte. Les hijras sont stigmatisées et exploitées, réduites à la prostitution et mendicité. Elles fascinent également comme des êtres mystérieux, pouvant faciliter ou empêcher la fertilité des couples.
Madhu a dépassé la quarantaine et mendie après s’être prostituée durant des années. Alors que les jeux de pouvoir au sein de la communauté s’accentuent, une tenancière influente d’un des bordels du quartier lui confie une mission qu’elle n’est pas en mesure de refuser : celle de « réceptionner » et « préparer » un colis. Le colis en question est une petite fille vendue par sa famille pour devenir prostituée.
Mon avis
Quel livre terrible ! Plein de noirceur et de douleur. Dans un quartier que l’auteur fait vibrer – on se trouve projeté au beau milieu d’odeurs, de couleurs et de sons d’une richesse incroyable – les passions humaines les plus essentielles sont comme poussées à leur maximum. Le pire côtoie quelques bribes de douceur. On aurait pu écrire sur les portes du quartier « toi qui entre ici, abandonne toute espérance ».
Je n’oublierai pas cette communauté si singulière.
Un grand merci @parande.mordanist de m’avoir fait découvrir ce roman et son sujet.