A widow’s story, Joyce Carol Oates.
« For the widow inhabits a tale not of her own telling.”
JCO aura vécu plus de 40 ans auprès de son mari. Une vie commune fondée sur des centres d’intérêt partagés, de grandes discussions, des amitiés mêlées et les gestes domestiques du quotidiens.
Lorsqu’il meurt soudainement à 77 ans d’une complication liée à une hospitalisation, l’auteure est éperdue de peine et perd tous ses repères.
Elle rédige alors ce texte qui raconte son « chemin de croix » dans le veuvage.
J’ai trouvé ce livre passionnant : l’auteure décortique sa douleur et ce que la société américaine attend des veuves, célèbre la force de l’amitié et de l’écriture. Elle conserve son ton froid et distancié comme dans ses romans tout en révélant de façon très concrète sa vie personnelle.
J’ai ainsi découvert qu’elle ne partageait jamais ses textes de fiction avec son mari – qui était par ailleurs son cap et son meilleur ami et avec qui elle avait des discussions constantes et profondes.
De la même façon j’ai été fascinée par son choix de dissocier dans sa tête et sa vie JCO (l’auteure de renom) et Joyce Smith, la personne privée, d’une façon qui peut sembler déroutante.
Je suis admirative également de la forme du texte qui mêle narration, introspection, extraits de correspondance, manuel pratique du veuvage et documents formels. Un texte qui s’attache à décrire de façon très précise la perte du sommeil, le sentiment d’être étrangère à sa propre maison, les comportements de replis et les grands défis qu’elle se donne… avec une épaisseur à la fois prenante et pesante qui plonge le lecteur dans l’hébétude du deuil.
Bref, j’ai été touchée par ce texte et par l’esprit singulier de cette auteure. Je pense que cette lecture donnera une épaisseur supplémentaire à ma découverte des autres romans de JCO. Le livre a été traduit en français et est disponible en poche chez @editionspoints sous le titre « J’ai réussi à rester en vie ».