Les variations Sebastian, Emily St John Mandel.

Traduit de l’anglais par Gérard de Chergé.
Editions Rivages

« Ce qu’il y avait de mieux, dans le service de nuit, c’était le silence. Parfois, elle sortait fumer une cigarette au moment le plus paisible, entre trois et quatre heures du matin, seule à la lisière des ombres, derrière le diner, et elle écoutait. Bien sûr, le silence n’était jamais absolu – cigales, grenouilles dans le canal de l’autre côté de la rue, frôlements dans les buissons, un camion ou une voiture de temps à autre – mais dans la journée, c’était une véritable cacophonie en comparaison.« 

Journaliste, Gavin vient de se faire licencier pour s’être laissé aller à enjoliver ces articles de citations jamais formulées par ses sources. Il revient dans la chaleur humide de la Floride, loge chez sa sœur et travaille vaguement pour elle le temps de se ressaisir. Les souvenirs de son adolescence remontent des profondeurs et, lorsqu’il voit la photo d’une petite fille qui lui ressemble étrangement, il devient urgent pour lui de comprendre le départ précipité de sa petite amie de l’époque.
Entre souvenirs, croyances, désirs et faux-semblant, chacun à une histoire à raconter.

Une fois de plus, après « Dernière nuit à Montréal » et « On ne joue pas avec la mort », j’ai adoré ce roman noir à l’ambiance feutrée, moite et troublante. Le début est assez lent et je l’ai dégusté, j’aime comment cette autrice laisse l’étrange ou le malaisant s’installer peu à peu tout en soignant la psychologie des personnages. Au-delà du récit et de la tension qui croît (je voulais savoir comment tout se terminerait), j’ai aimé les questions que ce roman évoque autour de la responsabilité, du libre-arbitre et de nos souvenirs.