Air de la solitude, Gustave Roud.
Après le superbe roman « Là-bas Août est un mois d’automne » de Bruno Pellegrino j’ai découvert que les @editionszoe venaient de republier un recueil de poésie de Gustave Roud de 1945 : « Air de la solitude ». Encore portée par l’ambiance du roman sur la vieillesse du poète, j’ai dégusté avec une attention particulière ses poèmes illustrés de ses photographies. Difficile de choisir un seul de ces textes en prose qui semblent se déplier peu à peu pour révéler d’autres merveilles…
« Je suis moi par habitude, comme une salle d’auberge vide qui se souvient de ses hôtes absents, comme un carrefour abandonné. La pluie va venir.
Le vent traîne sur le perron de ciment, avec le bruit des journaux qu’on froisse, de grosses feuilles d’aristoloches desséchées. Puis il se jette dans les rideaux bombés comme des voiles et tire de leurs plis la triste odeur des cigares éteints. Le lait fume sur la grosse nappe grise, près du pain gris et du beurre couleur d’orange. Une cuillère de plomb est fichée de biais dans un verre à côtes plein d’une gelée de fruits troubles comme un vin mort. La femme est retournée dans sa cuisine. Je reste seul dans cette salle avec le matin de novembre qui commence, comme lui sans force, inexplicablement heureux.«
Je vous conseille vivement de prendre le temps de lire ce recueil.