Chavirer, Lola Lafon.

Chavirer


Actes Sud

« Cette souffrance en veille ressurgissait à tout propos, celle d’une ancienne gamine à qui des adultes avaient enseigné la solitude des trahisons.« 

Cléo, préado passionnée de danse et venant d’un milieu modeste se voit soudainement offrir la chance de sa vie : une dame charmante et manifestement argentée lui propose de présenter son dossier à la fondation Galatée qui accorde des bourses à des jeunes filles pour qu’elles puissent réaliser leurs rêves. Horreur, ladite fondation n’existe pas et sert de couverture à un réseau pédocriminel recrutant ses proies parmi des jeunes filles que leur classe sociale rend vulnérables. La jeune danseuse va, pour s’en extirper sans tout perdre commettre des actes qui la hanteront toute sa vie.
C’est l’adolescence de Cléo mais aussi sa vie d’adulte et les regards portés sur elle par une série de proches dont les comportements sont eux-mêmes discutables qui vont permettre d’interroger sans relâche les notions de compromission et de culpabilité.
Y a-t-il une hiérarchie des victimes ? Ne pas agir est-ce collaborer ? Peut-on sortir de sa classe sociale sans payer le prix fort ?

Mon avis :

Cette fois encore, je suis admirative de l’écriture de Lola Lafon. La facture et la structure du récit sont relativement classiques ce qui lui permet de poser un cadre d’où se détachent nettement les éléments qui sont assénés et ceux qui sont comme effleurés. C’est ce va-et-vient entre la suggestion et la confrontation qui donne toute leur subtilité et leur richesse aux situations décrites. Un élément gravissime peut être évoqué dans un souffle en une demie phrase ou posé brutalement et sans fard. On ne sait donc sur quel pied danser et c’est cet inconfort de lecture que j’ai aimé retrouver en lisant ce roman. J’ai été malmenée par une auteure qui avait quelque chose d’essentiel à dire.

Un deuxième roman lu pour le bookclub de @palir_au_soleil #cemoiscionlitlolalafon mené cette fois ci par @papiercrepon Merci pour cette découverte !