Contes de la solitude, Ivo Andrić.
Traduit du serbo-croate par Pascale Delpech, Sylvie Skakić-Begić et Mauricette Begić.
Editions Zulma.
« Il me parut soudain évident qu’il ne faut point trop éviter les rencontres et les conversations avec ceux qui en ont besoin, si insensés et déplaisants qu’ils nous paraissent. Cela n’est ni bien ni raisonnable car si, par égoïsme et pour notre propre confort, nous évitons d’écouter quelqu’un, nous devrons, honteux, le faire plus tard, peut-être à l’occasion d’un souvenir importun ou d’un rêve, ce qui rend la chose plus difficile et plus désagréable encore.«
Depuis le balcon de sa maison de Sarajevo, un petit matin d’été, l’auteur tente de prolonger le temps entre ses songes et son quotidien bien réel. Il sait que s’il reste disponible et calme, des personnages vont venir le visiter, lui demander de raconter leurs histoires et que ce sera alors une bonne journée d’écriture. Parfois mal élevés ou impatients, mélancoliques ou éperdus : ils ont tous besoin de lui pour purger leur solitude.
En quatorze nouvelles, l’auteur nous fait parcourir les époques et les classes sociales pour découvrir des destins souvent tragiques. Je me suis laissée transporter par ces récits qui m’ont parfois fait penser aux Villes invisibles d’Italo Calvino. J’ai tout particulièrement été touchée par la façon qu’à l’auteur de convoquer les sons dans cette ville singulière.