Dans la maison rêvée, Carmen Maria Machado.

Traduit de l’anglais par Hélène Cohen.
Editions Bourgois

« Il m’est parfois arrivé de ne pas avoir l’impression d’écrire mais de lancer un couteau sur des fragments d’histoires pour les clouer au mur avant qu’ils ne s’envolent ou ne disparaissent. »

L’auteure est amoureuse d’une femme qui se met progressivement à la maltraiter. Après un long travail notamment d’écriture, elle essaie ici de capturer l’essence de cette violence, sa malheureuse banalité, les dégâts persistants de l’emprise. Elle essaie de se souvenir, de s’approprier cette histoire et de la transmettre pour qu’elle puisse être utile à d’autres.

Un sacré bouquin ! Entre essai, témoignage et autofiction l’auteure a choisi de tendre à son arc toutes les cordes de la littérature pour percer le mystère de la maison rêvée. Ce lieu fonctionne comme une poupée gigogne angoissante qu’on ne cesse d’ouvrir pour en découvrir une autre, la même mais sous des habits un peu différents, au point d’en avoir le tournis. Cette série de fragments essaie de montrer les facettes d’une relation destructrice et de faire exister en littérature les violences domestiques entre femmes.
J’ai souvent eu le sentiment d’être face à un bouquin dont je sentais qu’il était truffé de références sans vraiment les maîtriser moi-même. Il m’a aussi replongée dans cette sensation de dédoublement propre aux relations abusives : être là, subir et en même temps être ailleurs, spectatrice ou spectre dans la pièce.
Un bouquin complexe, dense et remarquable.

Merci à Babelio de m’avoir permis de lire ce livre pour une Masse Critique !
Il sort le 19 août prochain.