Je transporte des explosifs on les appelle des mots, poésie et féminismes aux États-Unis.

Un #lundipoésie combatif et féminin avec une anthologie remarquable : « Je transporte des explosifs on les appelle des mots, poésie et féminismes aux États-Unis. »

Je suis passionnée depuis plus de 15 ans par les luttes des femmes amérindiennes et afro-américaines aux États-Unis. Mes lectures m’ont fait découvrir de nombreuses poétesses et m’ouvrent peu à peu à d’autres écrits féminins. Ce livre me faisait donc de l’oeil depuis sa sortie!

Il est impeccable et assemble de façon exigeante et pédagogique l’analyse du rôle de la poésie dans le militantisme féministe américain et les textes poétiques de plus de vingt auteures.

Comme toujours c’est dur de sélectionner un seul poème ou de devoir les couper. Je m’en tiens à la solution la plus simple et efficace, le poème de Mohja Kahf qui donne son nom à l’anthologie.

Hijab Scene 7
« No, I’m not bald under the scarf
No, I’m not from that country
where women can’t drive cars
No, I would not like to defect
I’m already American
But thank you for offering
What else do you need to know
relevant to my buying insurance,
opening a bank account,
reserving a seat on a flight?
Yes, I speak English
Yes, I carry explosives
They’re called words
And if you don’t get up
Off your assumptions
They’re going to blow you away.
« 
.
Scène au hijab, N°7
« Non, je ne suis pas chauve sous le voile
Non, je ne viens pas de ce pays
Où les femmes n’ont pas le droit de conduire
Non, je n’aimerais pas quitter mon pays,
Je suis déjà américaine
Mais merci de me l’avoir proposé
Que voulez-vous savoir de plus
Pour que je puisse souscrire une assurance,
Ouvrir un compte en banque,
Réserver un billet d’avion ?
Oui, je parle anglais
Oui, je transporte des explosifs
On les appelle des mots
Et si vous ne vous débarrassez pas vite
De vos préjugés
Ils vont vous pulvériser.
 »