La fatigue du matériau, Marek Šindelka.
Traduit du tchèque par Christine Laferrière.
Editions Syrtes
« D’une manière ou d’une autre, c’était trop : cette maison étrangère, le fleuve, cette pierre gelée dans la terre, l’odeur de ces feuilles, ce bout de bois, la manche humide, ce vent terrible qui mordait de plus en plus profondément dans son corps et contre lequel il était tout à fait impuissant. D’une manière ou d’une autre, c’est trop, se dit-il, et tout s’embruma un moment.«
Deux frères fuient leur pays de façon clandestine. On ne sait pas très bien d’où ils partent avec l’Europe comme ligne de mire mais on les suit dans cette épopée violente et puissamment intemporelle.
Ils ont peur, ils ont faim, ils sont séparés, ils ne comprennent pas la langue, ils sont manipulés, brutalisés.
L’auteur ne dit que très peu du contexte et ne propose aucune lecture politique de la situation. Il se place au plus près de ses deux protagonistes, colle à leurs souffles, épouse leurs corps et transmet au lecteur les émotions et sensations brutes des deux frères. Il raconte « la fatigue du matériau », l’épuisement des corps dans une course effrénée.
Oh la la quel bouquin ! Il m’a littéralement épuisée : c’est une sorte de « page-turner » terrible ou on halète avec les personnages et où l’on ressent presque physiquement chacune des étapes du parcours. Pas le bouquin le plus léger qui soit mais merci @readreadbird pour cette idée de lecture tout à fait singulière !