La sentence, Louise Erdrich.
Traduit de l’anglais par Sarah Gurcel.
Editions Albin Michel
« Restée seule, il me fallait échapper à mon environnement, comme en prison. Là-bas, j’avais appris à lire avec une force proche de la folie. Une fois dehors, je m’étais aperçue que je ne pouvais plus lire n’importe quels livres, car je voyais clair en eux : les petites ruses, les accroches, le décor diligemment planté au début, la pesante menace d’une fin tragique et puis la façon dont, à la toute dernière page, l’auteur tirait le tapis de tristesse sous les pieds du lecteur en sauvant un personnage chéri. J’avais besoin que l’écriture soit d’une densité minérale. Qu’elle procède d’une intention authentique et non d’une fabrication cynique. J’étais devenue allergique aux manipulations. »
Après un long séjour en prison où elle a résisté grâce aux livres, Tookie – quadragénaire amérindienne un poil cynique – n’oublie rien mais travaille maintenant dans une librairie en bonne compagnie. Lorsqu’une de ses clientes tout juste décédée se met à hanter les rayonnages et semble vouloir prendre possession de son esprit c’est tout un monde d’injustices et de révoltes qui se déploie…
J’aime tellement Louise Erdrich ! J’aime voir la façon dont son écriture se patine avec le temps, sa bienveillance envers ses personnages qui n’édulcore pas pour autant leurs difficultés. Le fait qu’elle et sa librairie soient présentes dans le livre m’a touchée et a rendu le récit encore plus réaliste et intime à mes yeux. (Vous pouvez d’autres chroniques de ses romans ici, ici et ici ou encore là).
Et puis, comment résister à une histoire qui mêle humour, isolement, racisme, deuil et littérature ?
Et qui en plus fourmille de recommandations de lecture ? Hein, comment ?!