Traduit de l’italien par Michel Arnaud.
Editions Folio

« De fait, c’était vraiment un mascolillo, c’est-à-dire un petit gars, mais minuscule à la vérité. C’était un bébé si petit qu’il tenait à l’aise sur les deux mains de la sage-femme, comme dans une corbeille. Et après s’être affirmé dans cette héroïque entreprise de venir au monde en s’aidant lui-
même, il ne lui était même pas resté de voix pour pleurer. Il s’annonça par un vagissement si léger qu’on eût dit celui d’un petit chevreau dernier-né et oublié dans la paille.« 

Jeune veuve timide et déjà mère d’un garçon, Ida se fait violer par un allemand en permission à Rome en 1941. De ce viol nait un autre garçon, Useppe – chétif et paraissant simple d’esprit. C’est pourtant cette maternité qui va donner à Ida l’énergie de survivre et protéger ses deux enfants durant la guerre, la faim, la pauvreté et la violence de l’après-guerre…

D’Elsa Morante je n’avais lu que les nouvelles du Châle Andalou dont je gardais un souvenir très flou quoique positif.
C’est grâce @unlivrechacune qui mène cette fois-ci le bookclub #cemoiscionlit fondé par @palir_au_soleil que je me suis lancée à l’assaut de cette grande histoire !
Je l’avoue, j’ai navigué à vue pendant de nombreuses pages en me demandant ce que je venais faire dans cette galère tant je ne comprenais pas l’intention de l’auteure et j’avais du mal à me relier aux personnages. Tout me semblait rapporté avec une distance incompréhensible. Et puis, un passage m’a soudainement fait monter les larmes aux yeux, d’une façon qui m’a saisie.
Et là, j’ai basculé dans l’admiration pour ce roman-monde! Impossible de le résumer tant il brasse l’Histoire et l’histoire en s’attachant à dire l’injustice, la violence, l’oppression et la persistance de la vie méprisée. C’est l’épopée de ceux qui perdent toujours mais qui essaient encore, ne se résolvent pas au désespoir même quand tout s’effondre.
Je pense encore à certains passages qui me traversent et je continue de décortiquer cette construction magistrale…