Transformations, Anne Sexton.

Transformation

Un #lundipoésie qui triture les classiques à la sauce féministe et moqueuse avec le recueil « Transformations » d’Anne Sexton traduit par Sabine Huynh et publié Editions des Femmes.

Elle y passe seize contes rapportés par les frères Grimm à la moulinette et se les approprie, en y mettant tout son esprit incisif ainsi que ses expériences personnelles. Ecrits en 1971, chacun d’entre eux commence par un poème au ton très contemporain qui fonctionne comme une clé d’entrée dans la réécriture du conte, une réécriture qui souligne et déforme le machisme et les conventions limitantes des récits initiaux.
Difficile de ne vous en livrer que des extraits tant ces poèmes fonctionnent comme des histoires mais je me lance tout en vous encourageant à aller lire cet ensemble intense.

Cendrillon
« (…) Cendrillon et le prince
vécurent, dit-on, heureux pour l’éternité,
comme deux poupées dans une vitrine de musée,
guère ennuyés par les langes ou la poussière,
ne se disputant jamais au sujet de la cuisson d’un œuf,
ne racontant pas deux fois la même histoire,
ne laissant point l’âge mûr s’emparer d’eux,
leurs adorables sourires éternellement figés.
De typiques jumeaux Bobbsey.
Ce genre d’histoire.
« 

Le petit chaperon rouge
« (…) Et moi. Moi aussi.
J’ai l’air plutôt sereine lors des cocktails,
alors que dans ma tête
je subis une opération à cœur ouvert.
Le cœur, le pauvre
battant sur son petit tambour d’étain
une cadence de mort à peine perceptible.
(…)

(…) Ce jour-là sa mère lui confia
un panier avec du vin et un gâteau
à porter à sa Grand-Mère qui était malade.
Du vin et du gâteau ?
Où était l’aspirine ? La pénicilline ?
Où était le jus de fruits ?
Pierre Lapin reçut une infusion de camomille, lui.
Mais va pour le vin et le gâteau.
(…) »