L’empreinte, Alexandria Marzano Lesnevich.

Traduit de l’anglais par Héloïse Esquié.

« Quelle que soit la nature des événements passés, le récit s’est chargé de les réécrire sans vergogne. Le récit est devenu vérité.« 

L’auteure, alors étudiante en droit à Harvard et guidée par ses convictions contre la peine de mort, découvre à l’occasion d’un stage l’affaire Langley. Un homme a assassiné un petit garçon de 6 ans et explique, dans son interrogatoire filmé, sa pédophilie et le plaisir qu’il a pris à tuer cet enfant. Ce témoignage terrifiant ébranle toutes les convictions de la jeune femme et la confronte aussi à son passé d’enfant victime d’inceste.
Elle entame alors un processus de plus de 10 ans pour investiguer à la fois les complexités de l’affaire Langley – notamment le fait que la mère de la victime ait demandé que l’assassin ne soit pas puni de la peine de mort – et celles de son histoire familiale.

J’ai lu ce livre suite à l’écoute du podcast #oupeutetreunenuit de @louiemedia qui décortique avec intelligence les composantes de l’inceste, notamment le poids étouffant du silence. Ce roman singulier mêle enquête journalistique, mise en fiction d’un fait-divers glaçant ou autobiographie et s’arme de mots pour interroger la violence faite aux enfants. Sa fonction cathartique est évidente et c’est peut-être ce qui m’a le plus frappée : comment les mots viennent à la rescousse, sont enfermés, retenus, délivrés et toujours puissants, qu’ils soient menace ou apaisement.