L’homme qui savait la langue des serpents, Andrus Kivirähk.
// VACANCES//
Traduit de l’estonien par Jean-Pierre Minaudier.
Le Tripode
« La forêt n’est plus la même. Jusqu’aux arbres qui ont changé, ou peut-être tout simplement que je ne les reconnais plus, peut-être qu’ils me sont devenus étrangers. Je ne veux pas dire que leurs troncs se sont épaissis, que leurs couronnes se sont élargies, que leurs cimes sont de plus en plus hautes : tout cela est naturel. Il y a autre chose – la forêt s’est faite nonchalante, négligée. Elle pousse au hasard, elle se glisse là où elle n’était pas, elle me traîne dans les jambes. Elle est échevelée, ébouriffée. Ce n’est plus chez moi, c’est une chose en soi qui vit sa propre vie et respire à son propre rythme.«
Dans une Estonie médiévale, un monde disparaît et un autre s’éveille.
La forêt, la langue des serpents qui permet de se faire obéir des animaux, les rituels païens, les amours entre ours et jeunes filles … tout se délite.
Un monde paysan et féodal s’instaure autour du christianisme, du pain et du travail des champs.
Un enfant grandit dans cette période de changement douloureux, il sera le dernier de son monde.
Cette fable désenchantée renvoie dos à dos les croyances également improbables, les appétits également grossiers et les violences également vaines. Une lecture tout à fait singulière mais qui ne m’a pas totalement emportée.