Sorrowland, Rivers Solomon.

Sorrowland

Traduit de l’anglais par Francis Guèvremont.
Aux Forges de Vulcain

Enceinte de jumeaux, Vern fuit la secte où elle a grandi et se réfugie dans les bois. Elle s’y construit une tanière, y fait naître ses enfants et prévoit de les élever hors du monde brutal et insensé qu’elle a quitté. Mais alors que la forêt se révèle moins protectrice qu’elle ne le pensait, Vern se rend compte que son corps mute, prend de la puissance et qu’elle ne se reconnait plus face à ces sensations nouvelles.
Pour protéger ses enfants et leur offrir un avenir, il faudra qu’elle affronte ce que la secte a fait à son corps et ce que les Etats-Unis ont fait aux territoires qu’ils occupent.

Difficile de résumer ce récit qui embrase toute une palanquée de thématiques et de luttes !
La secte dont s’échappe Vern est une secte séparatiste afro-américaine qui propose un mode de vie « sans les Blancs ». Elle s’appuie sur des convictions religieuses rétrogrades qui voient les femmes comme des propriétés et qui fait de l’homophobie un moyen de maîtriser les sexualités. La forêt est un territoire sauvage et malmené qui se défend. Vern rencontre une autochtone bispirituelle qui fera figure de protectrice experte en herboristerie.

Le corps de Vern est singulier – noir, albinos, intersexe – il souffre et se régénère dans une alliance bouleversante avec la terre. Vern a des visions qui la hantent et révèlent les violences faites aux minorités. Toutes les actions de Vern visent à protéger ses enfants et à être la mère invincible qu’elle n’a pas eu. Et mille autres sujets encore qui foisonnent dans ce texte…

C’est à la fois intense, mené à une cadence haletante (digne d’un film d’action militant) et parfois un peu fatigant tant il y a de pistes attrapées (parfois de façon un peu sommaire et frustrante).
Le personnage de Vern, qui refuse d’être dominé, m’a passionnée.
C’est un bouquin coup de poing, qui ne s’excuse de rien, qui déploie toute son envergure : à nous de l’attraper dans ses transformations pour nous en nourrir!

De Rivers Solomon j’avais déjà lu L’incivilité des fantômes