Zarbie les yeux verts, Joyce Carol Oates.

Traduit de l’anglais par Diane Ménard. 

« Plus tard j’y repenserai comme à un passage. C’est peut-être ce que faisait ma mère aussi. Passer. D’un territoire connu à un territoire inconnu. D’un endroit où les gens vous connaissent à un endroit où les gens pensent seulement vous connaître. Comme si l’on traversait à la nage un vrai fleuve, un fleuve traitre et dangeureux, et que, réussissant à atteindre la rive opposée, on devienne une personne différente de celle qu’on était.« 

Francesca préfère qu’on l’appelle Frankie et devient parfois Zarbie mes yeux verts lorsqu’elle se sent devenir indépendante et puissante. En pleine adolescence elle grandit entre un père commentateur sportif adulé des foules mais menaçant une fois de retour chez lui et une mère artiste effacée aspirant à une autre vie. Ce roman mêlant malaise familial et chronique adolescente prend peu à peu une autre tournure… de plus en plus inquiétante.

J’ai trouvé ce livre très fort notamment dans sa capacité à évoquer la difficulté à se construire sa propre opinion à l’adolescence entre loyauté et admiration pour les parents et volonté d’émancipation. L’urgence à penser par soi-même est donnée par des descriptions saisissantes de la peur et de l’emprise dans ce climat familial singulier. Un bouquin intense comme toujours avec cette auteure.

Merci @papiercrepon pour ton post sur ce bouquin! Je suis très contente de l’avoir lu.