Derniers témoins, Svetlana Alexievitch.

Traduit du russe par Anne Coldefy-Faucard.
@editions1018

« Le bruit court dans le village que c’est… la guerre ! Maman est perdue : comment faire ? Moi, je me dis : vivement que cette journée soit passée ! Personne ne m’a expliqué que la guerre, ce n’est pas un jour ou deux, que ça pourrait durer très longtemps.« 

Ouvrir un livre de Svetlana Alexievitch est toujours saisissant et éprouvant. Entre journalisme et littérature, elle assemble des témoignages individuels et compose des textes qui révèlent la complexité d’expériences historiques vécues collectivement.
Dans ce livre, elle associe des voix d’enfants ayant survécu à la Seconde Guerre Mondiale. Chacun d’entre est identifié par ses nom et prénom, son âge au début de la guerre et son métier d’adulte. Ils racontent, à hauteur de leurs souvenirs d’enfant, ce qu’a été la guerre pour eux : l’odeur, la violence, la faim, les morts, l’entraide, la famille… Chacun a son propre ton, son propre moyen de tenir à distance ou pas les souvenirs. Cette polyphonie poignante va au plus près de l’expérience personnelle, de la petite histoire pour détricoter et interroger la Grande Histoire telle qu’on nous la transmets.

Je vous conseille fortement cette lecture – à un moment où vous êtes prêt(e) à affronter la candeur, la violence et le poids de ces récits. L’écoute patiente et militante de l’auteure accomplit beaucoup pour développer l’empathie, la compréhension et le questionnement.