Le berceau des dominations, anthropologie de l’inceste.


Dorothée Dussy.

Editions Pocket

« Dans le monde de l’incesteur, vous avez en permanence un goût de bizarre collé au cerveau, au point que vous finissez par vous demander si vous êtes cinglé(e) ou si ce que vous venez d’entendre ou de dire est normal. Les questions sont bizarres, les réponses aussi, et l’impression d’absurde vient parfois en parade au sentiment d’horreur qui pourrait vous assaillir. »

Un essai terrifiant sur l’inceste et les mécaniques du silence qui le laissent prospérer.
Je l’ai découvert en écoutant le podcast « Ou peut-être une nuit » de @louimedia mené par Charlotte Pudlowski sur le même sujet. Ce livre me hante, m’interroge encore plus peut-être que le podcast.
Face aux chiffres, aux nombreux témoignages d’incesté(e)s comme d’incesteurs et face aux questionnements de l’auteure je n’ai pu qu’être glacée et aiguillonnée. Elle analyse l’inceste et le silence autour comme une composante de l’ordre social, un fait universel et non un tabou universel, un lieu de fabrication des rapports de domination.

La forme de ce livre est tout aussi salvatrice et troublante que son propos : l’auteure y parle simplement, les concepts sont présentés dans une langue précise et directe, la plus à même de parler de ce qui se passe dans le quotidien, à la maison. L’auteure se présente comme partie prenante du sujet et non pas comme « observatrice » – une posture qui m’a toujours laissée dubitative en sciences sociales – et se sert de l’humour et de ses émotions comme d’un autre moyen de plonger celui ou celle qui lit dans le magma angoissant du questionnement.

Un #jeudijessaie éprouvant et essentiel.