Des milliers de lunes, Sebastian Barry.
Traduit de l’anglais par Laëtitia Devaux.
Editions Joelle Losfled
« La tête de ma mère regorgeait de bonnes histoires, qu’on écoutait blottis entre ses jambes pour avoir chaud. Nous parlions notre langue à l’époque et je sens encore sa voix murmurer, son souffle comme une petite tempête sur mon visage quand je le tournais vers elle. Ses bras reposaient dans notre dos comme des branches d’arbres tombées et oubliées tandis qu’elle racontait ses histoires.«
Winona, jeune orpheline Lakota, est élevée par ses deux pères adoptifs dans le Tennessee de l’après-guerre de Sécession. Ils vivent tous les trois en compagnie d’un fermier et de ses deux aides, anciens esclaves affranchis, et se tiennent à l’écart du village. Cette communauté chaleureuse et singulière est constamment menacée par la violence et le chaos qui suit la guerre civile. Indiens et Noirs sont constamment brutalisés, vols et règlements de compte font partie du quotidien depuis des milliers de lunes. Il faut toute l’énergie et la force d’une adolescente pour continuer à croire en la beauté du monde …
On retrouve dans ce roman certains personnages du roman « Des jours sans fin » que j’avais beaucoup aimé. Le texte est un mélange qui tient à la fois du western, du roman d’apprentissage et du plaidoyer enragé pour le droit à vivre sa vie comme on l’entend. On y cueille encore et toujours de la douceur et de l’émerveillement au milieu de la laideur. Ce personnage de jeune femme à la fois résistante et fragile, coupée de son histoire et profondément aimée, est magnifique.