Nous autres, Evgueni Zamiatine.

Traduit du russe par B. Cauvet-Duhamel.

« Ça va mal. Il s’est formé une âme en vous. »
Une âme ? Quel mot étrange et depuis longtemps oublié !
« C’est… très grave ? balbutiai-je.
— Incurable, tranchèrent les ciseaux.
«  »

Un homme des temps futurs, prénommé D-503 et constructeur d’un vaisseau spatial sur le point de décoller pour aller évangéliser les civilisations extra-terrestres, tient son journal intime. Il y relate sa vie dans un état totalitaire idéal afin d’encourager d’autres société à adopter les mêmes habitudes.
Dans sa société le temps et les activités des individus sont organisés heure par heure et se font collectivement, tout est prévisible; les constructions sont en verre transparent pour que rien ne soit caché, les relations sexuelles sont les seuls moments d’intimité mais sont également programmées.
Pourtant, D-503 se sent peu à peu attiré par le « monde d’avant » présenté dans un musée ayant pourtant pour vocation d’alerter chacun sur les dangers de ce monde révolu…

Ecrit en 1920, ce bouquin saisissant pose toutes les bases des romans de dystopies totalitaires à venir (je pense notamment au « Meilleur des mondes » à « 1984 » ou à « Un bonheur insoutenable »). Le propos est très efficace, les situations soulignent à merveille les enjeux collectifs et individuels.
C’est l’émergence de sentiments chez l’individu, sources naturelles de désir et donc de déséquilibre qui vient faire gripper la machine ultra-huilée de l’état.
Encore un bouquin qui m’aura bien fait songer en cette période singulière… (Les descriptions du monde derrière le mur sont juste fantastiques et tellement attirantes !)

Pour celles et ceux qui auraient envie de découvrir ce roman fondateur, sachez que @actessud vient de le ressortir en poche dans sa collection #babel sous le titre « Nous », traduit par Hélène Henry.